En visitant notre site, vous acceptez notre politique de confidentialité concernant les cookies, le suivi, les statistiques, etc. Lire la suite
Une température exceptionnellement inférieure à 15 degrés conjuguée à un taux d’humidité élevé, une amplitude solaire faible avec un fort rayonnement annuel et une saison pluvieuse marquée sont autant d’atouts qui permettent aux Tropiques d’observer une production végétale optimale et régulière sur l’année. A ce tableau s’ajoutent des réserves halieutiques en déclin structurel qui font des Tropiques un contexte singulier dans lequel l’aquaculture et l’aquaponie devront trouver une place croissante.
La zone intertropicale comprend l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, l’Afrique, le Nord de l’Australie, l’Inde… et de nombreux territoires ultra-marins français. Les projets aquaponiques commencent à y fleurir et la recherche d’une plus grande souveraineté alimentaire est propice à leur émergence… on vous explique pourquoi.
Sous les tropiques, la chaleur et l’humidité peuvent favoriser le développement de maladies et de bioagresseurs si la maîtrise technique des producteurs n’est pas suffisante. Afin de travailler dans un milieu plus contrôlé, les productions végétales locales évoluent progressivement vers des cultures légumières sous abri. Cependant, la ressource en eau reste déterminante, notamment en saison sèche.
En 2023, la majorité des fruits et légumes locaux présents sur les étals est encore issue de cultures de plein champ, ou d’importations en provenance de pays plus ou moins proches, dont les modes de cultures sont généralement peu explicités.
L’offre est généralement peu diversifiée, de qualité sanitaire et/ou gustative souvent perfectible. Les démarches de qualité restent exceptionnelles rapportées aux volumes produits.
Dans ce contexte, l’aquaponie professionnelle dispose de réels atouts : elle facilite le contrôle des maladies, des ravageurs et, plus globalement, de la qualité des productions d’une part ; elle offre de plus grandes gammes végétales locales d’autre part.
Dans le cas des DROM (Départements & Régions d’Outre-Mer) où le prix de marché pour les légumes est élevé, il apparaît tout à fait possible de proposer une offre de produits aquaponiques nettement plus qualitative à un prix quasiment équivalent, ce qui constitue une assurance de rentabilité pour les projets aquaponiques en cours.
En comparaison, en France continentale, la concurrence (pas uniquement nationale) sur les « produits de base » (salades, tomates, aromates, etc.) est telle qu’il est très difficile de rentabiliser de petites surfaces de maraîchage. Les fermes aquaponiques commerciales hexagonales doivent alors miser sur une gamme végétale à forte valeur ajoutée, ou décalée par rapport aux fortes périodes de production… et réaliser d’importants investissements.
La rentabilité économique de fermes aquaponiques performantes peut ainsi être trouvée sous les tropiques sur de petites surfaces (~ 0,5 ha), ce qui est de nature à faciliter l’installation d’agriculteurs face à la raréfaction du foncier disponible.
Dans le cas de la Guadeloupe et de la Martinique où respectivement 43% et 26% des légumes sont produits localement (Source : note 2022-02 de l’Observatoire de l’économie agricole d’outre-mer, ODEADOM, avril 2022), et de la Réunion où près de 40% des légumes sont importés (Source : Bilan des importations 2020 de la DAAF de la Réunion), une production aquaponique locale est de nature à répondre aux besoins de ces territoires insulaires, et ainsi réduire significativement leur dépendance pour certaines denrées ; tout en générant une économie et une valeur ajoutée locale. C’est également le cas de nombreuses îles de la Caraïbe (Haïti, SDIS -Small Island Developing States), et de l’Océan Indien (Mayotte, Comores, Maurice, Seychelles) etc.
Sous les Tropiques, et notamment en milieu insulaire (Caraïbes), les tonnages de poissons issus de l’aquaculture représentent une infime part de la consommation (moins de cinq fermes sont en production aux Antilles françaises). La progression actuelle de cette activité économique ne permet pas de compenser le repli structurel des volumes pêchés en mer (-30% au cours de la dernière décennie en Guadeloupe). Face à la raréfaction des ressources halieutiques dans ces zones, les produits aquacoles sont amenés à occuper une place de plus en plus importante sur les étals des poissonneries.
Dans les DROM, la loi EGALIM 2 va s’appliquer également, selon un calendrier adapté aux capacités de production locale. De réels débouchés s’ouvrent donc au niveau du secteur de la restauration collective pour les produits aquacoles locaux, dont ceux issus de l’aquaponie (légumes & poissons).
Les Tropiques sont soumis durant 3 à 6 mois de l’année à une faible disponibilité en eau (qu’elle soit pluviale ou agricole). Cette fluctuation est parfois aggravée par des phénomènes de pollution des cours d’eau (cas de la chlordécone aux Antilles).
Par la recirculation de l’eau mise en œuvre en aquaponie, une économie d’eau de près de 90 % est générée comparativement à un système de production conventionnel. Dans le cas des territoires insulaires, la ressource en eau peut même être obtenue via des unités solaires de désalinisation, ce qui peut être de nature à sécuriser complètement la production aquaponique et la rendre autonome sur le plan des ressources mobilisées (énergie, eau) si les sites sont situés à proximité du rivage.
Par ailleurs, dans les fermes aquaponiques aucun rejet n’est généré car l’ensemble des déchets issus de l’unité de production est valorisé sur site (lombricompost pour les écarts végétaux et les boues aquacoles).
L’aquaponie tropicale dispose donc de réels atouts pour prendre de l’ampleur dans les prochaines années. En Outre-Mer français, les projets à échelle professionnelle en sont à leurs débuts. Nul doute que les premières fermes de format commercial qui verront le jour seront de nature à faire rayonner ce mode de production innovant très adapté au contexte insulaire de ces territoires.
Aujourd’hui, l’investissement que nécessitent de tels projets et le besoin de formation constituent les principaux freins à leur développement. BiOPONi et ses partenaires locaux : BiOPONi Caraïbes et BiOPONi Mascareignes répondent au second facteur limitant par des sessions régulières délocalisées.
Le besoin financier reste accru en contexte insulaire où le matériel importé revient cher en raison des surcoûts de transport et de taxes locales (Octroi de Mer). Néanmoins, les DROM bénéficient aujourd’hui de taux de subventions européennes qui prennent en compte ces spécificités et sont de nature à favoriser l’émergence de projets aquaponiques. Une innovation à mettre en œuvre pour contribuer à davantage de souveraineté alimentaire dans les territoires isolés.